« Intouchables m’a aidé à assumer mon audace »

Claire Duverger, 28 ans, atteinte d’infirmité motrice cérébrale, travaille dans la fonction publique territoriale. Émue par Intouchables, elle a écrit aux réalisateurs qui, touchés par ses mots, lui ont répondu. Depuis dix ans, ils ne se sont pas perdus de vue. Une belle rencontre qui a marqué la jeune femme.

« Je suis allée voir Intouchables dès sa sortie. J’ai eu un véritable coup de cœur. Je me suis dit : « Enfin, un film qui ose rire du handicap. » Je me souviens que je ne pouvais pas m’arrêter de rire et de pleurer. Les remarques résonnaient avec des détails de ma vie. Quand Driss dit à Philippe devant son véhicule adapté, « je vais pas vous charger à l’arrière comme un cheval », perso, je pleure de rire.

Je pensais que personne ne lirait ma lettre et qu’elle finirait sans doute à la poubelle. J’étais très optimiste (rires). »

J’ai trouvé le propos tellement fort qu’il fallait que je le dise aux réalisateurs. C’était la première fois que me sentais autant touchée et proche d’un film. J’ai commencé par écrire un mail à Philippe Pozzo di Borgo. Il m’a répondu assez vite en m’encourageant à écrire à la production. Bizarrement, j’ai eu beaucoup de mal à construire ma lettre. Puis, encouragée par mes parents que je saoulais littéralement avec Intouchables, je me suis lancée.

De toutes façons, je pensais que personne ne lirait ma lettre et qu’elle finirait sans doute à la poubelle. J’étais très optimiste (rires). « Merci, ai-je écrit, car Intouchables permet pour une fois de montrer les personnes handicapées d’une autre manière, sans s’apitoyer. Oui, nous sommes des personnes comme les autres. Nous pouvons être heureuses et aussi avoir de l’humour ! »

Figurante dans l’un des films

Deux jours après, j’ai reçu un appel. « Bonjour, c’est Olivier Nakache et Éric Toledano. » Imaginez ma surprise. Je ne savais pas quoi dire, mais ils m’ont mise à l’aise. Il m’ont dit combien ma lettre les avait touchés. Puis, nous avons parlé de cinéma.

Je pensais que ça s’arrêterait là. J‘étais déjà très contente de cet échange. Et, depuis dix ans, nous sommes restés en contact. Je leur donne régulièrement des nouvelles et chaque fois ils me répondent. J’ai même été figurante sur leur film Samba. Même si la scène a été coupée au montage, aller sur le tournage, les rencontrer, vivre ce moment reste un souvenir incroyable !

Dans ma vie, je ne lâche rien. Je suis convaincue que quand on a envie de faire quelque chose, il faut aller jusqu’au bout.»

Quand Intouchables est passé à la télévision ou après être allée voir leurs autres films, je leur ai laissé un petit message. Récemment, suite à la diffusion de la série En thérapie diffusée sur Arte, je leur ai écrit : « Vous m’avez réconciliée avec les psys ! » Là, ils m’ont invitée à une projection privée pour les dix ans du film. Évidemment, j’ai posé une journée de congés pour venir à Paris. Je ne raterais ce moment pour rien au monde ! J’aime beaucoup leur cinéma qui résonne toujours juste. Mais c’est vrai que j’ai depuis longtemps perdu toute objectivité.

Intouchables m’a fait du bien

Lorsque je jette un regard sur les dix ans qui se sont écoulés, je pense qu’Intouchables m’a fait du bien. En étant différent, on vit forcément des choses différentes. Dans ma vie, je ne lâche rien. Je suis convaincue que quand on a envie de faire quelque chose, il faut aller jusqu’au bout. Aujourd’hui, je pratique le parachutisme handisport. Intouchables m’a aidé à assumer mon audace.