[Cinéma] Quand de jeunes adultes autistes trouvent asile
Dans le documentaire Une Maison, en salles mercredi 10 novembre, la réalisatrice Judith Auffray met en lumière ce qu’un cadre non médical apporte à l’existence de jeunes autistes dont ni la psychiatrie ni la pédagogie ne savent vraiment quoi faire. Un monde à part. Un monde à eux où ils peuvent être heureux.
Dans les cinq premières minutes du film, difficile de savoir où l’on se situe. Un appartement ? Un foyer ? Un centre ? Les lieux sont quasi plongés dans le noir. On n’entend que des bruits de pas (des chaussons qui traînent ?) et du quotidien (une tasse qu’on pose, des chaises que l’on tire…).
Peu à peu, on devine des ombres et une timide lumière se fait. Dans une cuisine, un jeune et un adulte s’affairent. Rien de notable en apparence. La séquence est même un peu longue.
Découverte progressive d’un lieu de vie
À l’image du temps qui s’étire dans les endroits où la vie se structure autour des tâches de tous les jours (préparer un repas, étendre le linge, faire sa toilette ou son lit, etc.). Comme ici. Une maison, terme choisi par la maman d’un des résidents, pour ce qui s’avère être un lieu de vie géré par l’association Tentative à Saint-Hippolyte-du-Fort, au sud des Cévennes. Sept jeunes adultes autistes mutiques y évoluent à l’écart du monde.
Lettres et témoignages
Au second tiers du film, des mots et des paroles apparaissent. Pas celles de ces jeunes qui ont trouvé là refuge et un rôle à jouer. Mais des lettres écrites à la fin des années 1970 par Fernand Deligny*, un éducateur s’étant dédié à “l’enfance inadaptée”, et adressées aux parents de ceux dont il s’occupait. Rassurantes, elles disent, en filigrane et avec délicatesse, leur absence de conscience d’être et d’être “à part”.
En filmant le quotidien de jeunes adultes autistes et en se positionnant comme observatrice, la réalisatrice Judith Auffray – dont Une maison est le premier long métrage – invite à réfléchir à la prise en charge des troubles mentaux.
En résonance, s’ensuivent des témoignages très sensibles de parents des résidents actuels de cette maison : des mères et des pères qui, après avoir été longtemps démunis, sont aujourd’hui rassurés que leurs enfants soient dans « un bon endroit », « qui n’a rien d’une prison ». Des âmes sorties des limbes. Métaphoriquement, le film se termine d’ailleurs dans la clarté et des bruissements de vie.
* C’est son ancien collaborateur, Thierry Bazzana, qui a créé la maison du film, en 2004. L’association Tentative est un prolongement direct du travail de Fernand Deligny avec de jeunes autistes.
Une Maison, documentaire de 82 minutes, sortie en salles le 10 novembre.
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