Emploi et handicap : « Une ambition forte, des résultats décevants »
À l’occasion du lancement de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées du 15 au 21 novembre, APF France handicap dresse le bilan du quinquennat Macron. Elle regrette « une politique de réformes tous azimuts bien loin de la réforme systémique annoncée ».
Ce n’est pas pire. Mais ce n’est pas terrible. D’accord, le nombre de demandeurs d’emploi en situation de handicap a légèrement baissé. Il est passé de 493 000 demandeurs en juin 2020 à 482 000 en juin 2021. Une baisse de 2,2 %.
Mais, comme l’indique l’Insee, « les baisses du chômage doivent être analysées avec prudence, car elles résultent notamment d’un fort recul du nombre de personnes sans emploi en recherche active d’emploi durant les restrictions de déplacements », suite à la crise sanitaire.
8,3 % des demandeurs d’emploi sont handicapés
De plus, la décrue est plus lente que sur l’ensemble du marché du travail (- 2,9 % pour les catégories A, B et C des demandeurs d’emploi). Résultat : les chômeurs handicapés représentent 8,3 % des personnes qui pointent à Pôle emploi contre 8,2 % un an plus tôt.
Surtout, la durée moyenne de chômage grimpe en flèche, de 883 jours à 919 jours.
Une longue liste de réformes
Dans son traditionnel bilan rendu public en ouverture de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, APF France handicap prend acte des nombreux chantiers menés sous la présidence d’Emmanuel Macron.
Les changements de fond apportés à l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés. La réforme des établissements et services d’aide par le travail (Ésat) mais aussi des entreprises adaptées (EA). Le lancement d’expérimentations dans ces dernières, comme le CDD tremplin. Le rapprochement du réseau des Cap emploi avec celui de Pôle emploi.
Une prime à l’embauche
Sans oublier la prime de 4 000 euros proposée par l’État dans le cadre du plan de relance pour favoriser l’embauche de personnes handicapées. Le soutien à l’emploi accompagné. Ou bien encore le renforcement de l’accès à l’apprentissage des jeunes en situation de handicap.
Un budget en hausse
Cette volonté s’est d’ailleurs traduite en termes financiers. Le budget en faveur de l’emploi des personnes handicapées a augmenté durant le quinquennat. Il est passé de 1 659 millions d’euros en 2017 à 1 792 millions d’euros en 2020 (+ 8 %).
Alors, comment expliquer ces résultats timides ? À la décharge du Gouvernement, plusieurs mesures sont trop récentes pour en constater les effets. La crise sanitaire n’a pas non plus aidé.
« Une logique de petits pas »
Carole Salères, la conseillère nationale emploi d’APF France handicap y voit une autre explication. « Le Gouvernement avait une ambition politique forte mais ses résultats sont décevants, car sa politique de réformes tous azimuts s’est avant tout traduite par une logique de petits pas », pointe-t-elle.
Et de donner l’exemple de l’emploi accompagné. « Alors qu’il est érigé en porte-étendard des réformes du Gouvernement, seulement 4 000 personnes sont actuellement accompagnées par ce dispositif. »
Une histoire de droits
Carole Salères regrette que le Gouvernement n’ait pas rénové en profondeur le modèle français d’une grande complexité administrative.
Pour APF France handicap, il faut « simplifier le système et promouvoir les droits des personnes en situation de handicap ». Droit aux allers-retours entre milieu ordinaire et protégé, droit aux aménagements raisonnables de l’environnement de travail, droit à l’accompagnement…
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