Établissements : 183 € de plus pour des professionnels du handicap en quête de sens
Le salaire des éducateurs, moniteurs, psychologues… accompagnant les personnes handicapées va augmenter de 183 € à partir du mois d’avril. Mais cette revalorisation, dont bénéficiaient déjà les soignants, ne suffira sans doute pas à calmer une crise qui n’est pas uniquement salariale.
La vague du Ségur va finir par atteindre les oubliés de la revalorisation salariale. Les éducateurs spécialisés, les moniteurs d’atelier, les psychologues et autres professionnels non soignants qui interviennent auprès des personnes en situation de handicap dans les établissements et services médico-sociaux (ESMS) vont, eux aussi, voir leur salaire net augmenter de 183 € par mois.
Le Premier ministre, Jean Castex, l’a annoncé lors de la conférence des métiers de l’accompagnement social et médico-social, vendredi 18 février. Le coup de pouce sera effectif à partir de juin, avec un effet rétroactif à compter du mois d’avril. Soit seize mois après les premières augmentations.
Les soignants soignés
Les accords du Ségur de la santé avaient débouché sur une hausse des salaires de 183 €, en décembre 2020, pour tous les personnels des établissements de santé et des Éhpad non lucratifs. Le cercle des bénéficiaires s’était progressivement élargi, au gré des annonces gouvernementales. Jusqu’à inclure les personnels soignants des ESMS pour personnes handicapées, en novembre 2020.
Lire aussi : La hausse des salaires de 183 € gagne peu à peu les établissements pour personnes handicapées.
L’écart de traitement salarial entre les secteurs rendait, en effet, difficile le recrutement et la fidélisation d’infirmiers, aides-soignants, aides médico-psychologiques… dans les foyers de vie, les maisons d’accueil spécialisées (Mas) et autres lieux de vie. Avec de graves conséquences pour les résidents.
Les accompagnants mal accompagnés
Mais les métiers de l’accompagnement en restaient écartés. Or, les établissements pour personnes handicapées peinent aussi à trouver des éducateurs spécialisés, moniteurs d’atelier, encadrants éducatifs de nuit…
De plus, la différenciation entre catégories de personnels génère des tensions internes. « Cette scission n’avait pas de sens, sinon d’un point de vue purement comptable », pointe Pierre-Yves Lenen, directeur du développement et de l’offre de service d’APF France handicap.
Vers une fusion des conventions collectives
L’annonce du jour devrait calmer l’hémorragie. Mais elle ne permettra sans doute pas de la juguler, les racines du mal étant plus profondes.
Un autre chantier est en cours : la fusion des quatre conventions collectives existantes pour n’en faire plus qu’une. Le but, notamment, est de revoir les grilles salariales pour rendre plus attractifs ces métiers. Jean Castex a annoncé que l’État et les départements mettront 500 millions d’euros sur la table.
Cruel décalage entre les objectifs et la réalité
Plus fondamentalement encore, de nombreux professionnels s’interrogent sur leur rôle, dans un contexte où l’autodétermination des personnes accompagnées et leur inclusion dans la société sont devenues des priorités politiques.
« Le doute s’installe » car « il y a encore beaucoup [de chemin à parcourir, ndlr] de l’aspiration affichée à la réalité du quotidien », note Denis Piveteau, conseiller d’État, dans le rapport sur la revalorisation des métiers du travail social qu’il a rendu jeudi 17 février. En cause, « l’inertie des structures, les mentalités figées, les moyens insuffisants… » La fiche de paie ne fait pas tout.
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1 commentaire
Bonjour, merci pour cet article.
Qu’en est-il pour les travailleurs sociaux et médico-sociaux qui travaillent auprès de personnes en situation de handicap mais dont l’employeur est “service à la personne” et non “association” ? C’est le cas de toutes les collocations “habitat inclusif” créées par l’association LE CLUB DES SIX mais dont l’employeur est CAP SERVICES. Sachant que la branche service à la personne est déjà suffisamment abjecte… voire maudite et carrément irrespectueuse de l’humain, le comble pour des aidants. Le don de soi est à profit de ces employeurs, non reconnu à sa juste valeur et la réalité des caractères d’altruisme, de modestie et d’humilité ont leurs limites. Nous ne pouvons pas offrir des accompagnements de qualité si nous ne sommes pas reconnus et valorisés à notre juste valeur… juste injustice.