Autisme : OTO ou le fauteuil “cocon” qui apaise

Publié le 26 avril 2022 par Florent Godard
Le projet OTO a été conçu comme un “fauteuil à étreindre” destiné à réduire l'anxiété de personnes autistes. Grâce à une télécommande, l'utilisateur active un compresseur qui gonfle la structure et resserre les coussins autour de lui. © C. Monnet

Baptisé OTO, ce fauteuil vous “étreint” en resserrant les coussins autour de votre corps, via une petite structure gonflable. Un moyen d’apaiser des personnes atteintes de troubles du spectre autistique. Le concept cible aussi des maladies dégénératives – comme Parkinson et Alzheimer.

Cela ressemble à un fauteuil qui vous serre dans ses bras. “OTO” prend la forme d’un cocon en bois, garni de coussins de velours et de petites cellules gonflables. Un simple appui sur la télécommande voisine et les coussins se resserrent autour de vous.

Ce mobilier a été spécifiquement conçu pour apaiser des personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA). « En situation d’anxiété, certains éprouvent le besoin d’une pression physique. Le fauteuil aide alors à comprendre les limites de son corps chez des personnes qui n’en n’ont pas conscience ou qui ressentent une sensation de morcellement », explique Alexia Audrain, sa créatrice nantaise.

« Le mobilier adapté aux handicaps invisibles reste encore peu exploré »

Sa forme de cocon permet aussi de se concentrer sur soi, de s’isoler du monde extérieur et des perturbations sensorielles (bruit, lumière…). In fine, l’outil aide à se détendre et favorise la communication.

Précision importante : pas contraint dans l’utilisation, l’usager pilote lui-même la télécommande pour choisir la pression exercée, en toute autonomie.

Ébéniste et designer, Alexia Audrain commercialisera son innovation en France d’ici la fin de l’année. La jeune Nantaise reçoit même des demandes de l’étranger. © Coralie Monnet

Outre les TSA, ce fauteuil atypique cible, par ailleurs, d’autres troubles neurodéveloppementaux, ainsi que des maladies dégénératives – comme Parkinson et Alzheimer.

Premières livraisons prévues cette année

Ébéniste et designer, Alexia Audrain voulait depuis longtemps créer “un mobilier utile” . Dès sa formation. « Le mobilier adapté aux handicaps invisibles reste encore peu exploré par les designers », constate-t-elle. Les solutions adaptées aux TSA également.

Pour son projet de fin d’études à l’école de design de Nantes, elle contacte alors l’équipe d’un institut médico-éducatif (IME) voisin, à Blain (Loire-Atlantique). « Ce sont eux qui m’ont sensibilisée à l’autisme. Tout est parti des besoins de terrain », rembobine la jeune femme.

Lancé il y a trois ans, le projet OTO s’apprête aujourd’hui à voir le jour. « Je finalise actuellement le prototype. Le fauteuil sera en vente à partir de la fin d’année », annonce Alexia Audrain.

Une étude clinique en 2023

Baptisée “Labaa”, sa société s’adresse d’abord aux hôpitaux et aux instituts spécialisés. Mais reçoit également des demandes de particuliers et de familles françaises et étrangères. Alexia Audrain espère donc obtenir une prise en charge du fauteuil par la MDPH, via la prime de compensation handicap, « avec une aide à l’achat à hauteur de 75 % du prix de vente ».

Reste aussi à valider scientifiquement les bienfaits observés par son “fauteuil à étreindre”. Pour cela, une étude clinique débutera dès 2023 avec l’appui du CHU de Tours, qui teste le fauteuil depuis un an déjà.

Comment 9 commentaires

Madame, encadrants de jeunes TSA, mes collègues et moi-même allons être transférés dans un nouvel établissement tout neuf. On nous a demandé de faire une liste de meubles et matériel pour les nouveaux locaux.
Ayant vu votre fauteuil, nous sommes très intéressés. Nous souhaiterions connaître le prix si cela est possible.
Je vous remercie de prendre notre demande en considération.
Cordialement

Bonjour, hier, ma fille qui a un trouble proche de l’autisme a adoré le poste “coquille d’escargot” dans une exposition sur l’escargot au centre Pro Natura de Champ Pittet en Suisse. Il s’agissait de se mettre dans une sorte de boîte de la taille d’un petit cabanon, presque dans la nuit. Au sol, il y avait des poufs dans lesquels on se lovait. Puis un escargot racontait son histoire et on restait dans son imitation de coquille, simplement. J’ai senti que cela faisait beaucoup de bien à ma fille de 8 ans. On a refait plusieurs fois. En faisant des recherches aujourd’hui, je tombe sur votre fauteuil, intéressant!

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