Sur leurs ailes : « Mon documentaire montre que tous ces enfants handicapés ne sont pas condamnés à l’errance »

Où vivent les enfants en situation de handicap confiés à l’Aide sociale à l’enfance (Ase), car en danger dans leurs familles ? Diffusé jeudi 20 octobre, le documentaire Sur leurs ailes nous plonge dans le quotidien du Logis. Ce lieu de vie et d’accueil situé dans le Maine-et-Loire prend en charge des enfants autistes, déficients intellectuels ou atteints de troubles psychiques. Franck Seuret, réalisateur de ce film et journaliste spécialiste de la politique sociale du handicap, collaborateur du magazine Faire Face, évoque la singularité de cette structure médico-sociale.

Faire-face.fr : Comment en êtes-vous arrivé à vous intéresser au Logis ?

Franck Seuret : En 2015, je tombe sur un chiffre qui m’interroge. 25 % des enfants accompagnés par l’Ase sont reconnus handicapés. En creusant le sujet, je découvre qu’il existe peu de structures qui tiennent compte de la spécificité de chaque enfant. Situé à Montjean-sur-Loire, le Logis est un lieu de vie et d’accueil (LVA) où séjournent des enfants autistes, déficients intellectuels ou atteints de troubles psychiques.  J’ai eu envie de m’immerger dans cette structure qui propose un accompagnement remarquable. Mon documentaire montre que tous ces enfants ne sont pas condamnés à l’errance. Même si la réalité demeure le manque de places.

Une « juste proximité » avec le Logis

F-f.fr : Quelle a été votre manière de procéder pour réaliser ce documentaire ?

F.S : Je me suis rendu régulièrement sur place. À chaque fois, j’y passais trois à quatre jours. J’étais intégré au Logis. Bien souvent, j’ai posé la caméra pour aider aux tâches quotidiennes et participer. Comme pour mon précédent documentaire, il n’y a pas de commentaires en voix off. J’ai envie que les spectateurs soient plongés dans ce lieu et comprennent par les seules images ce qui en fait sa singularité.

Comme l’a souligné une personne lors de l’avant-première à Angers, samedi 15 octobre, j’ai essayé d’être dans une « juste proximité » avec mon sujet. Comme Marie-José et Sylvie, les deux hôtesses du Logis, avec les enfants. Ce qui n’a rien à voir avec la notion de juste distance que l’on inculque aux professionnels.

Un lieu sécurisant et chaleureux

F-f.fr : Qu’offrent-elles aux enfants qu’elles accueillent ?

F.S : Un cadre stable à des enfants fracassés par la vie. Un foyer chaleureux qui respecte la spécificité et les goûts de chacun. Au Logis, personne ne se coupe la parole ou n’empiète sur l’espace de l’autre. C’est aussi un cadre très contenant avec des horaires et des règles de vie commune. D’ailleurs, le film montre aussi les limites de cette petite structure avec l’exemple d’une fillette qui souhaite partir parce que l’attachement à Marie-José et Sylvie est trop déstabilisant pour elle. Mais sauf exception, ce lieu, sécurisant et chaleureux, est bénéfique à tous les enfants auxquels Marie-José et Sylvie font d’ailleurs confiance.

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F-f.fr : En tant que professionnelles, elles vont très loin dans ce qu’elles proposent. Qu’est-ce qui les motive ?

F.S : Malgré la responsabilité que cela représente, Marie-José et Sylvie s’épanouissent dans ce qu’elles font. Bien sûr, l’accompagnement des enfants et la gestion du Logis sont très prenants. Car, en parallèle, elles poussent aussi très loin la réflexion et la collaboration avec les trois à quatre salariés. Mais elles ne le vivent pas comme un sacerdoce. En les voyant, j’ai eu le sentiment qu’elles étaient à leur place. La façon joyeuse qu’elles ont de s’investir auprès de ces enfants aux parcours compliqués interroge sur l’attention à laquelle chaque enfant confié à l’Ase devrait avoir droit.

À voir sur France 3 Pays de Loire, jeudi 20 octobre, en deuxième partie de soirée, et vendredi 21 octobre, à 9h10. Disponible en replay sur la plateforme france.tv.