Une start-up lance le premier système de freinage pour fauteuil roulant
Plus besoin d’utiliser ses mains comme des plaquettes de frein, annonce la start-up Eppur. L’équipe lilloise a conçu un système de freinage intégré aux roues des fauteuils roulants inspiré du “rétropédalage” présent sur les vélos hollandais. Cette innovation brevetée sera commercialisée en France début 2023.
L’idée d’inventer le système de freinage pour fauteuil roulant baptisé “Dreeft” est née un peu par hasard. Tout débute un soir de 2016. Étudiant à l’Université de technologie de Compiègne, Colin Gallois rentre chez lui. Dans une rue en pente, il croise un homme en fauteuil roulant aux trajectoires hasardeuses qui attire son attention. « Il descendait rapidement et semblait avoir un peu perdu le contrôle. Il essayait de ralentir en serrant les roues avec ses mains, se souvient Colin Gallois. Je me suis demandé : mais pourquoi n’utilise-t-il pas ses freins ? »
De retour à son école d’ingénieurs, il en discute avec un professeur tétraplégique. « C’est là que j’ai découvert qu’il n’y avait rien de farfelu dans cette scène, mais que les personnes en fauteuil roulant manuel utilisaient leurs mains en guise de plaquettes de freins », s’étonne-t-il encore.
Casse-tête et innovation
Le jeune homme y voit un défi à relever. Peu à peu, il va plancher sur un système de freinage pendant ses soirées et week-ends, en parallèle de ses études, puis de son travail comme ingénieur chez Decathlon… Jusqu’à créer la start-up Eppur en 2020, porteuse du projet, avec son associé Lancelot Durand.
Rapidement, il imagine des roues nouvelle génération en s’inspirant du système de freinage par “rétropédalage” présent sur les vélos hollandais. Et décide d’intégrer un mécanisme de tambour doté de mâchoires métalliques au centre de la roue. Pour l’actionner et ralentir, il suffit simplement de légèrement tirer la main courante vers l’arrière.
Une idée faussement simple. Comme en témoigne le tout premier prototype assemblé… Un échec. Puisque la fonction freinage bloque alors toute possibilité de marche arrière. L’équation s’avère complexe. « Il fallait ajouter notre système sur le fauteuil roulant sans l’élargir ni trop l’alourdir, sans changer la gestuelle des utilisateurs. Avec toujours la possibilité de démonter rapidement les roues… Bref, en conservant les qualités des fauteuils existants. Voilà pourquoi, il aura fallu près de six ans pour y parvenir », résume Colin Gallois.
Le résultat ? Une innovation approuvée et brevetée. Aujourd’hui, non seulement l’utilisateur actionne le freinage en venant tirer la main courante de quelques centimètres vers l’arrière. Mais il effectue la marche arrière avec le même mouvement… En effet, le système – 100% mécanique – détecte s’il faut ralentir ou reculer. Déclenchant la première option si le véhicule se déplace vers l’avant, la seconde quand il arrive au point mort. La paire de roues “Dreeft” s’adapte aujourd’hui sur « 90 % des modèles de fauteuils existants », assurent ses créateurs. Des roues toutefois un peu plus lourdes que la moyenne – comptez un kilo de plus par roue.
Sécurité et réduction des troubles musculo–squelettiques
Outre l’intérêt en matière de sécurité routière, Eppur revendique une utilisation qui ménage le corps, exigeant « cinq fois moins d’efforts ». Avec des conséquences directes sur la santé à court et à long terme. « Pour rappel, 35 % des paraplégiques souffrent de troubles musculo–squelettiques (TMS) de l’épaule après six mois d’utilisation d’un fauteuil roulant, 70 % après vingt ans », indique la société lilloise en citant l’experte Claire Marchiori, auteure d’une thèse de doctorat en biomécanique.
À noter que l’innovation a été conçue et testée, pas à pas, en concertation avec des personnes handicapées. Notamment en lien avec l’association GrHandiOse, des personnalités comme le youtubeur Martin Petit. Mais aussi des professionnels de santé issus d’une douzaine de centres de rééducation, de Bordeaux à Berck.
80 précommandes bientôt livrées
Made in France, le produit est assemblé au B’Twin village, la fabrique de vélos de Decathlon située dans le Nord, le système de freinage réalisé en amont dans l’Ouest.
Preuve que la start-up répond à un vrai besoin, en deux ans Eppur a décroché une foule de soutiens. Passée par l’incubateur et l’accélérateur Eurasanté (Lille), soutenue par Bpifrance, elle a, entre autres, reçu le prix Handitech Trophy, dans la catégorie mobilité pour tous, parrainé par SNCF Réseau. Fin 2022, Eppur a en outre levé la bagatelle de 1,2 million d’euros auprès de plusieurs investisseurs pour financer le lancement de son premier produit.
Une innovation qui arrive aujourd’hui dans le quotidien des Français. « Quatre-vingts précommandes vont être livrées dans les prochaines semaines. Et les premières ventes débuteront officiellement en février », annonce aujourd’hui Colin Gallois.
Question prix, la paire de roues et ses adaptateurs coûtent 1 990 €, tarif public indicatif. Sans coup de pouce de la Sécurité sociale pour l’instant. Mais les dirigeants d’Eppur espèrent toutefois obtenir une prise en charge dans les prochaines années.
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4 commentaires
EC2LLENT ET MERCI POUR VÔTRE DECOUVERT, REBOND ETT ADAPTATION !!!!!
LES CORPS SONYT FAITS POUR BOUGER MAIS QUAND UN FAUTEUIL DEVIENT UN ALIÉ ÉPISODIQUE OU CONSTANT LA SÉCURITÉ S’IMPOSE !!!
ECELLENT ET MERCI POUR VÔTRE DECOUVERT, REBOND ETT ADAPTATION !!!!!
LES CORPS SONYT FAITS POUR BOUGER MAIS QUAND UN FAUTEUIL DEVIENT UN ALIÉ ÉPISODIQUE OU CONSTANT LA SÉCURITÉ S’IMPOSE !!!
Bravo à nos deux créateurs pour leur ingéniosité et leur persévérance dans leur projet. Nul doute que le système trouvera des utilisateurs dits “actifs” de fauteuils roulants manuels qui apprécieront le freinage intégré.
Gérard LECLERCQ/ATELIER DU FAUTEUIL ROULANT BERCK SUR MER
Bonjour, oui bravo.pour cette découverte mais ce qui m’inquiète qui va pouvoir se payer ces roues à ce prix ĺà? Beaucoup d’handicapé(es) ont des revenus inssufisants et pas toujours des aides .