Monsieur_Invalide : « J’ai autre chose à faire que de m’apitoyer sur mon sort »

Depuis 2019, Kevin Carnec, 28 ans, possède un compte Twitter où il évoque son quotidien de personne handicapée. Des tweets au second degré dans lesquels il utilise l’humour pour dédramatiser certaines situations. Le truc de ce jeune Breton : réagir à des hashtags populaires pour rire du handicap.

« Tout est parti d’un hashtag repéré sur Twitter : #jaiuneparticularitéphysique. Je venais de créer mon compte et j’ai réagi en faisant une courte vidéo où je montrais mon fauteuil. Tout de suite, ça s’est emballé. Les gens ont liké, puis retweeté. On s’est mis à échanger. Aujourd’hui, ce tweet dépasse les 317 000 vues. À partir de là,  je me suis dit que j’allais tweeter des réflexions sur mon quotidien de personne handicapée sur un mode humoristique.

https://twitter.com/MR_Invalide/status/1190982954916429824?s=20&t=YmgAyM5nVmmuMKtPS7mWpw

L’humour pour dédramatiser

Je suis atteint d’une amyotrophie spinale. Je suis en fauteuil depuis l’âge de 15 ans. Quand on est en situation de handicap, on n’a pas le choix. Il faut oser. Ma technique, c’est d’aller vers les autres. Et grâce à l’humour, j’essaie de dédramatiser. Car la majorité des personnes demeure peu à l’aise vis-à-vis du handicap. Moi, je suis quelqu’un d’heureux, bien dans sa peau.

Récemment, j’ai passé un diplôme Impression 3D à l’Université de Bretagne Sud autour de la santé et du handicap. Cela m’a plu. J’ai beaucoup appris. Aujourd’hui, je débute et je m’entraîne à fabriquer de petites pièces comme un support pour mon téléphone. J’espère que cela va m’ouvrir des portes. Souvent dans ma vie, j’ai su saisir les opportunités, car je suis de nature curieuse.

https://twitter.com/MR_Invalide/status/1536318651619545090?s=20&t=YmgAyM5nVmmuMKtPS7mWpw

L’auto-dérision d’abord

Les gens me disent : “Tu me remontes le moral. Tu m’as fait sourire.” Ça me suffit. L’humour, c’est le meilleur des antidépresseurs. Même tout seul dans mon appartement, j’invente des trucs qui me font rire. La première personne dont je me moque, c’est de moi-même ! Je distribue mes vannes comme elles me viennent.

Percer dans l’humour ? J’admire des personnes comme Guillaume Bats qui y sont parvenues. Je continue mes blagues et je verrai bien. Grâce à l’humour, on peut dénoncer beaucoup de choses qui ne vont pas dans notre société. Je suis d’ailleurs très lucide sur tout ce qu’il faudrait améliorer. Mais avec mes tweets, je suis sur un autre registre. Je préfère montrer que le handicap n’est pas synonyme de tristesse ou de malheur. C’est très réducteur. Je ne me reconnais pas dans ce portrait. J’ai autre chose à faire que de m’apitoyer sur mon sort. »

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