Maladies chroniques : encore trop de discriminations au travail
Les maladies chroniques sont en constante augmentation, entraînant un défi pour l’emploi. Le dernier rapport de la Défenseure des Droits et de l’Organisation internationale du travail établit l’ampleur des discriminations ressenties et des difficultés posées, au recrutement, au maintien dans l’emploi, et pour de bonnes conditions de travail.
En 2025, 25 % de la population active souffrira de maladies chroniques, selon l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact). Travailler en ayant un cancer, une sclérose en plaques, une polyarthrite rhumatoïde ou encore une dépression est donc possible. Mais loin d’être simple. En raison des difficultés propres à la maladie, à son caractère imprévisible, mais aussi des discriminations.
C’est le sujet du 16e baromètre sur la perception des discriminations dans l’emploi. Un travail conjoint de la Défenseure des droits et de l’Organisation internationale du travail : Concilier maladies chroniques et travail : un enjeu d’égalité.
Télécharger le rapport Concilier maladies chroniques et travail : un enjeu d’égalité
Liens entre maladie et impact professionnel pour 70 % des personnes
70% de ces malades estiment que leur santé engendre un impact sur leur vie professionnelle. Et notamment, être victimes de discrimination. Blocages dans les possibilités d’avancement, refus d’aménagement de poste, changement d’attitude de l’entourage professionnel, licenciement ou non-renouvellement du contrat…
Les saisines étudiées par la Défenseure des droits confirment ce ressenti. Ainsi, en 2021, un conseil départemental a annulé le recrutement d’une intervenante sociale après avoir découvert son précédent arrêt maladie. Alors même que seul le médecin du travail est habilité à connaître des informations relatives à l’état de santé des agents publics.
Autre exemple, en 2022, la Défenseure des droits a qualifié de harcèlement discriminatoire le comportement de l’employeur d’un manipulateur en radiologie. Le salarié accomplissait sans difficultés ses missions grâce à un aménagement de poste de travail. Mais son employeur demandait malgré tout régulièrement qu’il soit déclaré inapte.
Un tiers des employeurs ignore les préconisations du médecin du travail
Sans surprise, la moitié des répondants taisent leur pathologie vis-à-vis de leurs employeurs ou supérieurs hiérarchiques, mais 27 % aussi vis-à-vis de leurs collègues. Ce qui engendre un cercle vicieux de non prise en compte des besoins spécifiques.
Mais même quand tous connaissent la maladie, les dispositifs de maintien dans l’emploi sont souvent sous utilisés, par méconnaissance ou mauvaise volonté. Un tiers des employeurs n’ont pas suivi (ou que partiellement) les préconisations du médecin du travail. Avec principalement des refus d’aménagement de poste, manquant ainsi à leur obligation de sécurité.
Les préjugés restent tenaces. « Le malade au travail est toujours considéré comme suspect : il est suspecté de mentir ou d’instrumentaliser sa maladie pour se soustraire à des tâches qui s’imposent aux autres et est plus généralement perçu comme manquant de fiabilité », décrivent les auteurs du rapport.
L’arrêt de travail, un sujet de crispation hiérarchique et entre collègues
L’arrêt de travail reste un sujet de crispation majeur. Avec son corollaire : la répartition des tâches entre les collègues. Les auteurs du rapport le pointent comme un impensé des ressources humaines. En parler, entre malades, collègues, et supérieurs hiérarchiques, serait pourtant nécessaire pour organiser le travail de la façon la plus satisfaisante possible, et pour que chacun se sente reconnu.
Outre ses données, analyses et préconisations, le rapport mérite également d’être lu pour ses multiples témoignages, extrêmement forts, et permettant de percevoir toutes les nuances de cette réalité.
* Enquête de l’institut Ipsos, du 24 mars au 25 avril 2023, par internet auprès d’un échantillon représentatif de la population active de 2 000 individus de 16 à 64 ans. Ajout d’un sur-échantillon de 1 000 individus actifs de 16 à 64 ans, ayant déclaré un problème de santé chronique.
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