Série 2/5 Droits des femmes – Maman, handicapée, séparée : entre charge et force mentale
Gabrielle, 39 ans, vit en Alsace avec sa fille de 13 ans, une semaine sur deux. Toutes deux sont en fauteuil roulant. Sa séparation, elle l’a vécue comme un apaisement, et témoigne de la possibilité d’être maman solo et en situation de handicap, malgré certaines contraintes. Vendredi 8 mars, c’est la journée internationale des droits des femmes. Faire-face.fr donne la parole à des femmes en situation de handicap qui ont osé faire valoir les leurs.
« Je suis en situation de handicap, et ma fille de 13 ans aussi. Cela fait maintenant quatre ans et demi que son père, en situation de handicap également, et moi nous nous sommes séparés. Nous partageons sa garde alternée. Je suis donc maman solo à mi-temps. Je ne travaille pas mais je m’investis dans une association.
Vivre à deux, avec trois fauteuils, dans 45 m2
Je suis atteinte d’une infirmité motrice cérébrale et ma fille, de la maladie de Strümpell-Lorrain. Nous sommes toutes les deux en fauteuil roulant et très autonomes. Mais il est vrai que dans certaines situations, ce n’est pas simple. Par exemple, quand elle rate son transfert, je peux difficilement l’aider. Heureusement, en prenant son temps, elle réussit à se relever.
Le plus pénible ? Vivre à deux dans 45m2 avec trois fauteuils (ma fille en a un et moi deux) ainsi qu’un cadre de marche à caser dans ce petit espace. Quand j’ai dû me reloger dans l’urgence, j’ai pris ce que j’ai trouvé, avec une seule chambre. Alors, je dors dans le salon. Heureusement, je vais bientôt déménager pour plus grand.
Mieux depuis la séparation
Mais hormis cela, je ne dirais pas que ma situation est difficile. C’est moi qui suis partie. Et je me sens mieux depuis que je vis séparée. Mieux personnellement, et mieux, car je gérais déjà presque toute l’éducation de notre fille. Désormais, je m’implique tout autant mais je n’ai plus de comptes à rendre. Le fait que ma fille ait aussi des limitations m’aide. Nous sommes comme qui dirait sur un pied d’égalité. Elle ne me demande pas sans cesse de courir partout ou d’avoir des loisirs extraordinaires.
De toute façon, mes ressources ne me le permettraient pas car je touche seulement l’AAH. Quant à l’allocation compensatrice pour tierce personne (ACTP), elle me permet de payer ma mère pour le ménage. C’est le papa qui perçoit l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH). Normalement, il devrait m’en reverser la moitié, mais il ne le fait pas.
Une relation toujours conflictuelle avec mon ex-conjoint
En réalité, c’est surtout la relation conflictuelle avec mon ex-conjoint qui rend ma situation pénible. Les parents séparés connaissent souvent des tensions. Est-ce que moi je les vis plus fortement ? Une psychologue m’a aidée.
Il y a aussi les conséquences des défaillances de l’autre. Par exemple, comme il gérait mal les rendez-vous médicaux de notre fille la semaine où il l’a, désormais c’est moi qui m’occupe de tout. Des soignants nous l’ont dit : si de nouveaux rendez-vous ne sont pas honorés, ils ne la suivront plus. Donc, c’est lourd, mais je préfère tout faire. D’ailleurs, le contact avec les professionnels passe mieux avec moi. Je suis la personne avec laquelle ils peuvent discuter. Mais cela représente une lourde charge. Du coup, je gère mes rendez-vous à moi la semaine du papa, cela m’évite tout risque de faire percuter nos agendas.
Aujourd’hui, j’aimerais refaire ma vie. Mais la société est un peu dure avec les femmes handicapées qui veulent rencontrer quelqu’un… surtout quand elles ont aussi un enfant handicapé ! Mais je trouverai la personne qui comprendra : on ne cherche pas quelqu’un pour s’occuper de nous !
Pour rencontrer d’autres parents en situation de handicap, contactez l’association Handiparentalité
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