[Flamme olympique] Christian Ti-Paon, porteur à Tahiti : « Le handisport, c’est la fraternité »
Jeudi 13 juin, l’île de Tahiti accueille la flamme olympique. Multimédaillé en va’a, pirogue polynésienne, Christian Ti-Paon compte parmi les 124 relayeurs. Fier de représenter la Polynésie française, ce sportif de 55 ans amputé tibial souhaite aussi mettre en lumière les bienfaits du sport pour les personnes en situation de handicap.
Sa femme et ses trois filles ne rateront son passage sous aucun prétexte. Pour la petite dernière, âgée de 10 ans, le mot d’excuse pour ne pas aller en classe a même été tout trouvé. Christian Ti-Paon, 55 ans, électrotechnicien personnel civil de la défense, a été sélectionné comme l’un des 124 porteurs de la flamme olympique. Aujourd’hui, à Tahiti, c’est jour de fête pour la famille Ti-Paon, mais aussi pour tous les Polynésiens. La flamme traversera onze communes et les lieux emblématiques de l’île.
« J’ai posé ma candidature en 2023 et après, je n’y ai plus pensé, raconte Christian Ti-Paon, joint en début de semaine. Quand j’ai eu la confirmation, je n’en suis pas revenu. Je ne réalise d’ailleurs toujours pas ! Qui aurait cru que la flamme s’arrête à Tahiti ? C’est un grand honneur pour moi. »
Sur l’eau, des concurrents ; dans la vie, une famille
Christian Ti-Paon pratique le va’a, ou pirogue polynésienne, depuis 2018 et concourt dans plusieurs catégories en fonction du nombre de personnes sur l’embarcation (jusqu’à 12). Multimédaillé, il prend part régulièrement à des courses ou des compétitions. « Le handisport, c’est la fraternité, s’enthousiasme-t-il. Sur l’eau, nous sommes des concurrents mais dans la vie, il n’y a plus de rivalité. On s’entend tous très bien. Nous sommes une famille. On se soutient et on s’encourage les uns les autres. »
L’histoire de Christian Ti-Paon avec le sport a commencé bien avant le va’a. Plus jeune, il a pratiqué le cyclisme avec de très bons résultats au point d’envisager de faire sport-études. Un accident de la route survenu à l’âge de 16 ans a bouleversé ses projets d’avenir. « J’ai vécu treize ans avec une jambe droite très abîmée qui me faisait beaucoup souffrir, se remémore-t-il. J’ai décidé de me faire amputer et j’ai pu ainsi retrouver une autonomie avec une prothèse. Cette opération m’a sauvé la vie une deuxième fois. »
Le sport, une hygiène de vie
Durant toutes ces années, plus question de sport. Mais un matin de 2012, il décide de recommencer le vélo. « J’avais pris beaucoup de poids. J’ai décidé de me remettre au sport pour retrouver une hygiène de vie. » De nouveau dans la course, il participe même en 2017 aux championnats de France sur piste à Bourges. Depuis qu’il rame sur son va’a, Christian a délaissé le vélo. « C’est de plus en plus dangereux de rouler à Tahiti. En pirogue, à part te retrouver dans l’eau, tu ne risques pas grand chose ! », sourit-il.
Parler des bienfaits du sport, c’est son « cheval de bataille ». Selon lui, le handicap ne doit pas être un obstacle à la pratique sportive. Une grande source de satisfaction pour lui et pour toute sa famille à qui il a transmis le goût du sport.
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