Les Paralympiques hors-jeu sur l’emploi des travailleurs handicapés
La loi impose aux employeurs d’au moins 20 salariés de compter 6 % minimum de travailleurs handicapés. Pourtant, de nombreux partenaires des jeux Paralympiques ne respectent pas cette obligation.
EDF est partout, ou presque, durant ces jeux Paralympiques. Son nom apparaît sur le dossard de nombreux compétiteurs, à côté de la cible lors des épreuves de tir à l’arc, au bord du bassin de natation… De plus, dans ses films publicitaires, l’énergéticien met en scène des sportifs handicapés. Et sur les réseaux sociaux, il met en avant les membres de son Team EDF.
Le message est clair : les sportifs paralympiques incarnent l’énergie, au même titre que le groupe français, « fournisseur officiel d’électricité renouvelable de Paris 2024 ». Un exercice de communication qui valorise l’excellence des uns et des autres, en les associant.
Mais, dans la vraie vie, la politique handicap du groupe EDF est loin d’être exemplaire. En France, moins de 6 000 de ses 142 000 employés sont reconnus handicapés, soit 4,2 %.
Depuis 1987, la loi impose pourtant aux entreprises d’au moins 20 salariés de compter 6 % de travailleurs handicapés, au minimum, dans leurs effectifs. Le géant français en est loin, même s’il se situe un peu au-dessus de la moyenne nationale, qui plafonnait à 3,5 % fin 2022, selon les dernières statistiques connues de la Dares.
Au moins la moitié des partenaires premium et officiels sous la barre des 6 %
EDF n’est toutefois pas le seul sponsor des jeux Paralympiques à ne pas respecter ses obligations légales. Sur les 20 partenaires premium et officiels des jeux Olympiques (JO) et des jeux Paralympiques (JP), seuls sept atteignent ou dépassent le taux légal : le groupe ADP (ex-Aéroports de Paris), Air France, le groupe BPCE, Carrefour, la Caisse des dépôts, Orange et Sanofi.
Trois n’ont pas donné suite à nos questions et nous n’avons pas trouvé cette information par ailleurs : Cisco, CMA CGM et Le Coq sportif.
Enfin, dix affichent un taux d’emploi de travailleurs handicapés inférieur à 6 % :
Accor | 4,2 %* |
ArcelorMittal | 3,9 %** |
Danone | 3,8 %** |
Décathlon | 4,41 %* |
EDF | 3,9 %** |
FDJ (la Française des jeux) | 5,67 % |
GL events | 2,94 %** |
Île-de-France Mobilités | Moins de 6 %* |
LVMH | 4,5 %** |
PricewaterhouseCoopers | 1,2 %** |
Une communication déconnectée de la réalité de l’emploi
Certes, ces sociétés ne sont pas exclusivement partenaires des jeux Paralympiques, mais du package JO et JP. Il n’en reste pas moins qu’elles s’engagent aussi sur ces derniers… et le font savoir. Décathlon communique sur les sportifs handicapés de sa team Athlètes, LVMH associe ses artisans maroquiniers aux basketteurs en fauteuil dans une vidéo promotionnelle…
Un indicateur intéressant pour comparer des entreprises d’un même secteur
Ce taux ne saurait résumer à lui seul la politique d’emploi menée par l’employeur. Dans certains secteurs, il peut être en effet plus difficile de recruter des travailleurs handicapés, par exemple. Mais c’est tout de même un indicateur intéressant.
Ne serait ce que pour comparer des entreprises évoluant dans le même domaine. Si LVMH ne compte que 4,5 % de salariés handicapés, Hermès, un autre grand nom du luxe qui n’est pas partenaire des Jeux, dépasse, lui, les 7 %. La preuve que l’emploi de travailleurs handicapés est avant tout une question de politique de ressources humaines… pas de communication.
* Le taux nous a été communiqué par le service de presse de l’entreprise. ** Les liens renvoient vers le dernier taux rendu public par l’entreprise.
Vos avantages :
- Magazine téléchargeable en ligne tous les 2 mois (format PDF)
- Accès à tous les articles du site internet
- Guides pratiques à télécharger
- 2 ans d’archives consultables en ligne
1 commentaire
Bravo cher Monsieur pour votre approche rigoureuse.
Outre le fait qu’il soit un marronnier, le taux d’emploi des Personnes en Situation de handicap n’a que TRES PEU évolué en 30 ans (je travaille à l’Agefiph depuis 1994). Il masque des réalités et disparités extrêmes ET se fait le PARFAIT miroir des “politiques d’emploi” : 500 M€ sont ponctionnés chaque année sur les forces économiques du pays, en se payant de mots…