Jeux paralympiques Paris 2024 – Cédric Nankin, rugby fauteuil : « Pas des super-héros, juste des potes avec le même objectif : gagner »

Après Rio (2016) et Tokyo (2021), sans médaille, Cédric Nankin, 40 ans, le défenseur vedette et co-capitaine de l’équipe de France, rêve d’une récompense paralympique en rugby fauteuil.  Atteint d’une agénésie congénitale des membres supérieurs et inférieurs, le double champion d’Europe veut faire davantage connaître son sport, accessible à toutes les personnes avec un handicap moteur.

« La première fois que l’on m’a proposé de tester le rugby fauteuil, j’ai répondu : “Jamais de la vie !” J’avais l’impression que ce n’était pas fait pour moi. Et quand j’ai accepté d’essayer, je me suis éclaté. J’ai commencé en 2011 à la suite de ma rencontre avec l’athlète paralympique Ryadh Sallem, fondateur de l’association CAP SAAA. Il créait une section de rugby fauteuil et cherchait des joueurs. Il a su se montrer persuasif, car il croyait en mon potentiel.

Ce n’est pas un sport de “bourrins”, c’est aussi subtil que les échecs

Contrairement à ce que l’aspect spectaculaire du jeu, notamment le contact entre les fauteuils, pourrait laisser croire, ce n’est pas un sport de “bourrins”. C’est plus subtil. Je le compare souvent aux échecs, car le positionnement de chaque joueur influe beaucoup sur le cours d’un match.

J’évolue en équipe de France depuis 2013. J’ai un entraînement deux fois par semaine avec CAP SAAA à Paris, auquel se rajoute une séance de préparation physique, du CrossFit pour travailler le cardio et l’endurance. Avec les joueurs de l’équipe de France, nous nous retrouvons régulièrement au Creps de Vichy, dans l’Allier, pour des stages en vue d’échéances importantes. Et là on est en plein dedans ! Doubles champions d’Europe, nous mettons beaucoup d’espoir dans ces Jeux. Jouer chez soi, devant un public qui vous porte, c’est le rêve !

On se défonce pour soi mais surtout pour les autres

Le rugby fauteuil m’a aussi permis de nouer des amitiés solides. Dans un sport collectif, on se défonce pour soi mais surtout pour les autres. Nous ne sommes pas des super-héros, juste des potes avec le même objectif.

C’est pourquoi, j’aimerais que plus de personnes en situation de handicap, nous rejoignent. En effet, il est accessible à tous types de handicaps moteurs. Mais nous souffrons encore d’une méconnaissance de notre sport due à un manque de médiatisation. Ces Jeux vont nous rendre plus visibles.

Depuis 2020, j’ai rejoint le Dispositif Athlètes SNCF. J’ai un poste en CDI au sein de SNCF réseau avec un emploi du temps aménagé qui me permet de pratiquer mon sport et de me projeter dans l’après-carrière sportive. C’est une formidable opportunité en tant qu’athlète de haut niveau qui, de surcroît, galérait à trouver un emploi. Cela m’offre une tranquillité d’esprit pour rester concentré sur mes objectifs sportifs. »

* Cet article a déjà été publié dans le magazine Faire Face – Mieux vivre le handicap de septembre-octobre 2023 et mis à jour à l’occasion des jeux Paralympiques.