Un annuaire pour un meilleur accès aux soins des personnes handicapées

Publié le 26 novembre 2024 par Franck Seuret
Les patients peuvent filtrer les professionnels, par activité bien sûr mais aussi par type de handicap : marche difficile, fauteuil roulant, handicap psychique, obésité... Les résultats s'affichent sur une carte. © DR

Le site Sante.fr héberge l’annuaire de l’accessibilité des cabinets médicaux et paramédicaux, lancé par APF France handicap, avec le soutien de l’Assurance maladie, l’Ordre des médecins… Un outil précieux pour les patients handicapés qui accèdent plus difficilement aux soins. Le nombre de professionnels de santé (généralistes, dentistes, sages-femmes…) ayant pris le temps de remplir le questionnaire reste limité mais il augmente régulièrement.

Quels professionnels de santé puis-je consulter près de chez moi ? La question est cruciale pour les personnes en situation de handicap. Toutes les études le montrent, elles ont plus difficilement accès aux soins que l’ensemble de la population française.

Les titulaires de l’AAH ont ainsi moins souvent recours à des médecins spécialistes et à des dentistes… alors que toutes les pathologies, quelles qu’elles soient, sont plus fréquentes chez eux, souligne, par exemple, la Caisse nationale d’assurance maladie, chiffres à l’appui. En cause, entre autres, l’inaccessibilité de nombreux cabinets médicaux et/ou de leurs équipements, le manque de formation des professionnels…

Un annuaire et des professionnels par type de spécialité médicale et de handicap

Pour orienter les patients, APF France handicap a donc eu la bonne idée de créer un annuaire de l’accessibilité des cabinets médicaux et paramédicaux. Il est en accès libre, depuis septembre 2023 sur sante.fr, le site du Service public d’information en santé.

Les patients peuvent filtrer leur recherche par catégorie : généralistes, spécialistes, dentistes, orthophonistes, kinésithérapeutes… Mais aussi par type de handicap : marche difficile, fauteuil roulant, handicap psychique, obésité… Les résultats s’affichent sur une carte.

En cliquant sur les noms des professionnels, l’annuaire propose alors des informations plus précises. Les atouts (proximité d’un arrêt de bus, sanitaires accessibles, matériel spécifique…) comme les limites (transfert à réaliser soi-même, cheminement extérieur présentant quelques difficultés…).

Des questions fondées sur les besoins réels des personnes

Ces données proviennent du questionnaire très détaillé que doivent remplir les praticiens désireux de figurer dans l’annuaire. Un outil de recueil d’informations conçu par APF France handicap avec le concours d’associations de patients et d’organisations professionnelles, comme le Conseil national de l’ordre des médecins.

« Les questions sont fondées sur les besoins réels des personnes, et pas uniquement sur les normes règlementaires », explique Cécile Cordonnier, chargée de projet à APF France handicap. Elles portent sur l’ensemble du parcours. De la prise de rendez-vous à l’acte de soin, en passant par le déplacement au sein du cabinet, les équipements ou encore les formations suivies par les praticiens.

2 000 généralistes inscrits sur 65 000 en activité

Mais aujourd’hui, seuls 7 500 professionnels de santé ont pris la peine de remplir ce questionnaire. Parmi eux, à peine 2 000 généralistes sur les quelque 65 000 ayant une activité exclusivement ou partiellement libérale. Ce n’est pas insignifiant, mais c’est encore trop peu.

Et pourtant, l’annuaire a bénéficié d’une belle campagne de promotion. Par l’Assurance maladie, entre autres, qui a adressé à deux reprises un mail à plus de 350 000 professionnels pour les inviter à s’y inscrire. Les organisations professionnelles ont fait de même.

« Nous, médecins, manquons cruellement de temps »

« Ce questionnaire peut faire peur à certains confrères, avance le docteur Claire Siret, la présidente de la commission handicap du Conseil national de l’ordre des médecins. Ils peuvent y voir un outil de contrôle même si ce n’est pas le cas. » De plus, la longueur du questionnaire en a sans doute découragé certains.

« Surtout, entre nos patients et nos tâches administratives, nous manquons cruellement de temps, résume le docteur Pascal Dureau, secrétaire général de la Fédération nationale des communautés professionnelles territoriales de santé. Moi-même, qui suis pourtant installé dans un cabinet accessible, je n’ai pas encore dégagé les quinze minutes nécessaires pour répondre au questionnaire. »

Des données bientôt partagées avec d’autres applications

Un constat que partage Benjamin Vouhé, chef de projet Handigynéco Île-de-France. « Sur la centaine de sages-femmes que nous avons formées à la prise en charge de patientes en situation de handicap, seules huit se sont inscrites sur l’annuaire. Il faudrait que le temps consacré à remplir le questionnaire puisse être rémunéré par l’Assurance maladie comme une consultation. » Ce qui n’est pas à l’ordre du jour.

En revanche, ce qui est certain, c’est que les données collectées pour l’annuaire vont être très prochainement mises en accès libre sur le site public data.gouv.fr. Des plateformes de prises de rendez-vous, comme Doctolib, pourront alors intégrer ces informations à leur application. De quoi donner davantage de visibilité aux questions d’accessibilité… et pousser les professionnels à renseigner le questionnaire.

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