[Lecture] En finir avec les idées fausses sur le handicap : regarder l’inclusion droit dans les yeux

Publié le 29 novembre 2024 par Corinne Manoury

Sortir d’un « consensus mou » pour mieux cerner la complexité des situations de handicap. Comprendre en quoi les réponses politiques ne sont pas satisfaisantes. Et s’engager pour une accessibilité et une inclusion réelles. Telle est l’ambition de ce petit manuel documenté et incisif, coordonné par Clara Mautalant, psychologue sociale, consultante handicap et enseignante.

Changer de regard sur le handicap ? Non, plutôt révolutionner notre système de pensée. Effectuer un changement de paradigme, comme on dit dans les disciplines scientifiques. En cessant de prendre pour référence la personne valide, en bonne santé. Pour réaliser, enfin, tout ce qui manque dans notre société, et qui permettrait à chacun de vivre sur un pied d’égalité. C’est bien ce à quoi nous invite l’ouvrage collectif En finir avec les idées fausses sur le handicap.

Faire en sorte que « l’improvisation [puisse] être permise aux personnes en situation de handicap plutôt que l’anticipation constante ». Et qu’elles soient « réellement incluses dans les loisirs quotidiens aussi simples qu’aller dans un café avec des proches, prendre un cours de sport ou aller au cinéma », comme le note en introduction Clara Mautalant, psychologue et coordinatrice de ce « guide d’autodéfense ». Avant d’ajouter : « Lorsque le courage des personnes en situation de handicap arrêtera d’être survalorisé, on pourra considérer que le validisme ordinaire a reculé. »

Éduquer pour en finir avec les représentations et les rôles attendus

D’ici là, il y a du boulot ! Une éducation à l’inclusion et à l’accessibilité que ces 176 pages proposent de commencer en démontant « 44 idées reçues tenaces sur le handicap ». Des préjugés qui portent sur les représentations, comme celui qui voudrait que le handicap soit toujours visible. Ou que des maladies comme le diabète ou les troubles psychiques ne constituent pas un handicap.

Mais aussi des idées reçues qui enferment les personnes handicapées dans des rôles attendus, les rendent responsables de leur situation ou donnent bonne conscience à la majorité valide. On citera, par exemple, la personne handicapée considérée comme un modèle de résilience et une source d’inspiration. Phénomène que l’on appelle “inspiration porn”, auquel une étude belge s’est intéressée . Ou bien cette idée persistante dans la population française selon laquelle les personnes handicapées sont moins compétentes.

Éveiller l’esprit critique

Moins attendue, dans le registre de l’éducation, une idée commune voudrait que les aménagements des élèves handicapés les avantagent par rapport à leurs camarades. Sur les transports, le chapitre démontre que tout est fait pour que les personnes handicapées se tournent vers l’utilisation de véhicules personnels. Coûteux, comme le rappelle Charlotte de Vilmorin.

Du côté des droits, enfin, on ne pourra qu’acquiescer sur le temps, l’équipement, l’énergie et le cheminement personnel nécessaires à la reconnaissance administrative du handicap. Bien loin de l’idée reçue selon laquelle, « si on ne fait pas sa reconnaissance administrative de handicap, c’est qu’on n’a pas envie de la faire ».

On pourra se montrer sceptique, voire en désaccord avec certains arguments. Mais force est de constater que cet ouvrage atteint parfaitement l’objectif d’« éveiller l’esprit critique » tout en restant accessible au plus grand nombre. Salutaire !

En finir avec les idées fausses sur le handicap, sous la direction de Clara Mautalent, éd. de l’Atelier, 2024, 176 pages, 13,50 €.

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