Éducation sexuelle et handicap : les vidéos simples et utiles du programme Sous les draps

Publié le 24 avril 2024 par Élise Descamps
Proposées en langage facile à lire et à comprendre (Falc), les vidéos du programme Sous les draps le seront aussi bientôt en langue des signes française. © DR

L’association Creative Handicap a lancé un programme d’éducation à la sexualité à destination des adultes en situation de handicap, baptisé Sous les draps. Érection inopinée, masturbation, consentement, porno… : ces vidéos interactives permettent, entre autres, de mieux comprendre certaines notions, seul ou accompagné dans le cadre d’un collectif.

C’est simple, clair et sans tabous. La plateforme en ligne d’éducation sexuelle, Sous les draps, propose aux personnes en situation de handicap de trouver des réponses ou de se questionner autour de sujets liés à la vie intime. Pas de longs textes : uniquement des vidéos courtes et interactives. Chacune d’elles, qui dure maximum trois minutes, représente une scène de la vie quotidienne. L’envie d’embrasser quelqu’un avec qui l’on passe un bon moment, la gêne d’une érection lors de sa douche en présence de son auxiliaire de vie…

Une initiative de l’association Creative Handicap, . Installée à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, elle œuvre depuis 20 ans à l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap par la création artistique et le numérique. Ce programme est disponible gratuitement, depuis deux mois, sur inscription, après avoir créé son compte.

Mettre des mots sur des situations

Au cours de chaque scène, l’internaute se voit poser une ou deux questions à choix multiples, pour livrer son analyse. Objectif : poser des mots sur des situations, comprendre certaines notions, comme le consentement, dédramatiser certains événements, et s’entraîner à réagir au mieux. Le ton se veut accessible aussi aux personnes ayant une déficience intellectuelle. Les vidéos sont donc proposées en langage facile à lire et à comprendre (Falc) et le seront bientôt en langue des signes française.

Mieux connaître son corps et celui des autres

La plus récente porte sur la masturbation. On y voit une jeune femme se caresser, tandis qu’elle attend son auxiliaire de vie dans la voiture. Quand celle-ci revient, elle lui explique qu’elle a le droit de le faire, mais pas là où quelqu’un peut la voir. Dans sa chambre ou la salle de bains par exemple.

Chaque vidéo mise en ligne porte sur un sujet bien précis, pour se concentrer sur un message à la fois. S’y ajoutent des vidéos non interactives (sur la pornographie ou le harcèlement sexuel par exemple). Ainsi que d’autres modules, comme la présentation de l’anatomie de l’homme, de la femme, ou des personnes intersexe, permettant de zoomer, sur un modèle en 3D, y compris sur les parties intimes.

« Comment est fait le corps est loin d’être évident pour tout le monde. Et dans certains handicaps, il faut montrer la réalité telle qu’elle est pour la comprendre. Si on ne le fait pas, le risque est que les personnes s’informent par le porno, qui n’est pas la réalité », indique Nora Elkebir, de Creative Handicap.

Prévenir les conduites à risque

Si l’association Creative handicap, s’est mise à s’impliquer sur le sujet de la sexualité, c’est suite au constat du besoin d’accompagnement des personnes. « Certaines ont subi des violences sexuelles, ne se protègent pas alors que les infections sexuellement transmissibles sont en augmentation ou connaissent mal leur propre anatomie», souligne Nora Elkebir. Or « le droit à l’éducation à la sexualité, prévu dans le code de l’Éducation, est encore loin d’être respecté, notamment dans les établissements spécialisés mais également dans les écoles. Et cela a de lourdes conséquences. »

Surfer sur l’univers des jeux vidéo

L’association développe le programme Sous les draps avec certains apprenants de sa formation professionnelle dans la création numérique, baptisée CIARA pour création intelligence artificielle et réalité augmentée. Ils réalisent ainsi, en 3D, les avatars des saynètes et testent les questions. « L’univers évoque celui des jeux vidéos. Il est parlant pour les jeunes générations, ce qui peut les motiver à s’informer sans avoir l’impression d’apprendre », poursuit Nora Elkebir.

Et comme le programme est vraiment conçu comme du e-learning, la plateforme permet à chacun d’évaluer où il en est dans son parcours, et aux établissements médico-sociaux de créer des groupes de discussions entre utilisateurs, par tchat. Une fonctionnalité qui n’a pas encore servi, mais qui se veut un outil supplémentaire pour faire tomber les tabous.

Les jeunes déficients visuels mal informés sur la sexualité

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